19/12/2007

Première rencontre avec la bipolarité

J'étais en couple avec un homme que les gens qualifiaient d'atypique, du reste toute sa famille l'était : des originaux. Ca me plaisait bien, je n'aspirais pas à 24 ans à une vie rangée comme ma famille. Je voulais quelque chose de plus créatif, j'ai été servie!!!

Tout allait, me semblait il, pour le mieux, mon compagnon avait des tonnes de projets plus ou moins farfelus, que l'on étudiait ensemble quant à la faisabilité (genre acheter un hotel à valence, aller faire fortune en inde, créer une boite à Troyes...)
Ca me ravissait, car cela me donnait l'illusion de portes de sorties si l'ennuis venait à poindre.
Je n'ai pas du tout tiqué, étant créative, je n'avais pas le sens de ce qui est normal ou pas.
De toute façon j'avais un job sécurisant en grande entreprise, je cartonnais au niveau projet, j'étais pour la boite super géniale et moi même soutenait un rythme assez poussé pour faire ma place au soleil dans le monde du travail.

Martin est arrivé dans ce contexte en 1996. Il était trop mimi, je me rapelle avoir été trés surprise d'être capable de mettre au monde un aussi joli minois. Juste aprés nous avons acquis une maison de campagne façon écolo-bobo à retaper sans eaux ni electricité. La vie s'est donc accélérée.

Mon compagnon à abandonné son job pour un motif qui m'avait semblé falacieux, mais avec lui je me sentais en sécurité et rien ne me semblait impossible.
Il s'est mis à déprimer. Moi je ne voyais rien, pour moi il tournait en rond mais c'était à cause de ses choix.
Il a donc essayé divers jobs, histoire de remonter la pente.
Il les abandonnait trés vite.
Il a égrainé 1000 projets de vie, mais n'a jamais essayé de les rendre pérènes.
Il a décidé de recadrer notre vie en amenuisant les exces alimentaires, de cigarettes... Résultat nous avons arrété de fumer un été, ça a déclanché notre chute.

Il devint de plus en plus speed, décidant de faire mille travaux dans la maison. Moi je trouvais cela positif...si bien qu'au printemps, le mur du salon s'est couvert d'une fresque me representant à la Delaunay : plutôt réussi !
Puis une semaine plus tard au retour du travail,la fresque s'était mutée en monstre.
En parrallèle il s'est mis à ne plus dormir, à nous réveiller au milieu de la nuit pour des petits déjeuners, il parlait de manière incohérente...
Deux jours plus tard, il se croyait persécuté, parlait aux astres...

Terrifiée, je lui ai demandé d'aller voir son frère médecin généraliste. Arrivé la bas, il ne s'est plus contenu du tout et à completement perdu le fil de la réalité. Nous l'avons donc fait admettre en HDT (hospitalisation à la demande d'un tiers). Martin avait 3 ans, j'étais confrontée à la psychiatrie pour la première fois, l'homme fort est tombé de son piedestal.
La terre s'ouvrait sous mes pieds!!!

Psychose maniaco-dépressive

Voila ce qu'il avait : c'était du chinois pour moi.
Son frère m'a collé un arrêt de travail et le DSM IV dans les mains.
Je n'ai rien compris... Tout devenait ubuesque, je ne savais pas à quoi me raccrocher.
Ca a duré 1 semaine ou j'allais le voir régulièrement. A l’hopital il était entouré de « vrais fous » hurlant toute les minutes nuits et jours : j’avais peur qu’il ne devienne comme eux.

Un matin il semblait aller mieux : A force d'une massue chimique il est redescendu de sa crise maniaque….Pour retomber en hypomanie. Il ne prennait plus ses medicaments trompant la vigilence des infirmières. Il me dit : « je ne suis pas fou sort moi de là ! »

Cette situation était tellement anxiogène pour moi que j'ai fait arrêter la HDT, moyennant un suivi en CMP. Nous sommes revenus à la maison et j'ai agit comme si rien ne s'était passé, sauf que je n'avais plus confiance

Lui était toujours excité, et m'a mis sur le dos son mal-être. Moi j'ai plongé, je me sentais hyper coupable de l'avoir fait interner.Il avait en permanence mille petites reflexions et reproches à me faire. Il me trouvait trop grosse, mon job était trop chronophage, j'étais une mauvaise mère...
J'ai donc essayé de m'améliorer, ne mettant pas en doute son jugement, qui avait habilement un fond de vérité. Et puis j'étais dans le déni de la maladie et de nature peu sure de moi. Mais aucun de mes actes n'avait grace à ses yeux.

Je suis entrée en dépression, j'ai donc été au CMP. suivie en thérapie + Antidépresseurs.

J'essayais de remonter la pente, mais son harcellement s'intensifiait.
C’est un ami un jour, lui racontant ce qui se passait à la maison qui m'a parlé de harcellement. Je ne l'ai pas cru, alors il m'a offert le bouquin. Je l'ai lu en une nuit, je lisais mon histoire.

Le lendemain j'ai pris la décision de partir. 2 jours plus tard j'ai fais mes valises, pris mon fils et suis retournée chez mes parents dans un état épouvantable.

Dessin de Felix Girard

Ma longue reconstruction pouvait commencer.

Aucun commentaire: